Comédie en 3 actes
pour 9 personnes
Préface
Ah, lecteur curieux qui vous apprêtez à dénouer les fils de cette trame théâtrale, laissez-moi vous confier quelques pensées qui ont présidé à la naissance de cette « Confrérie des Faux Culs ». Ce texte, humble offrande à votre sagacité, n’ambitionne rien de moins que d’ausculter les replis obscurs de l’âme humaine, là où la vertu se drape d’atours trompeurs et où la sincérité se voit reléguée au rang de naïveté désuète.
Imaginez, si vous le voulez bien, un salon bourgeois figé dans ses fastes surannés, où les dorures criardes et les portraits sévères semblent monter la garde d’une moralité de façade. C’est dans cet écrin d’illusions que se meuvent nos protagonistes, figures emblématiques d’une société où l’apparence règne en maître et où les serments les plus solennels ne sont que les oripeaux d’intérêts bien terrestres.
Le Baron de Ventrouillard, Madame Gigognard, Monsieur Tapinois… autant de masques derrière lesquels se dissimulent des vérités inavouables, des arrangements tacites et une complaisance coupable envers les petites et grandes hypocrisies du quotidien. Ils forment une confrérie tacite, un cénacle où l’art de la dissimulation est élevé au rang de vertu cardinale.
Mais voici que l’irruption de la jeunesse et de l’ingénuité, sous les traits de Célimène et d’Hector, vient perturber cette mécanique bien huilée. La vérité, tel un éclat de lumière crue, menace de déchirer le voile des convenances et de mettre à nu les fragilités de cet édifice social fondé sur le mensonge.
À travers les trois actes de cette comédie, j’ai souhaité explorer avec une ironie parfois grinçante les ressorts de l’hypocrisie, cette gangrène insidieuse qui ronge les fondations de nos relations et de nos institutions. Les dialogues, que j’ai voulu vifs et révélateurs, sont autant de coups de sonde dans les profondeurs de l’âme humaine, oscillant entre le burlesque et l’amertume.
N’y voyez point une condamnation sans appel, mais plutôt une invitation à la lucidité. Car si les « faux culs » que vous rencontrerez au fil de ces pages peuvent prêter à sourire, ils ne sont peut-être que le reflet grossi de nos propres compromis et de nos silences complices.
Que cette lecture vous divertisse et vous incite, peut-être, à une introspection salutaire. Et si, par aventure, vous reconnaissez quelques traits familiers chez ces personnages, n’en soyez point trop affligé : après tout, comme le suggère la dernière réplique, le théâtre n’est-il pas la vie, mais en un peu plus arrangé ?
Eric Fernandez Léger
L’intrigue
« La Confrérie des Faux Culs » est une comédie grinçante en trois actes qui dépeint avec une ironie mordante un cercle bourgeois où l’hypocrisie est érigée en art de vivre. Lorsque la jeune et impétueuse Célimène découvre les lettres compromettantes de son père, le Baron de Ventrouillard, de la veuve Madame Gigognard et du notaire Monsieur Tapinois, la façade de leur vertu s’écroule. L’arrivée inopportune d’Hector Valvert, un jeune homme maladroit qui tombe sur ces missives, met le feu aux poudres.
Pour étouffer le scandale, le trio infernal propose à Hector un pacte diabolique : devenir leur « apprenti hypocrite ». Mais les tentatives de manipulation et les secrets bien gardés vont être mis à rude épreuve lors d’un dîner explosif où Hector, loin d’être dupe, révèle au grand jour les arrangements douteux et les mensonges de ses hôtes.
Le troisième acte, lors d’un bal masqué grotesque censé sceller une union arrangée, voit la vérité éclater de manière inattendue. Amours cachées, faux testaments et révélations fracassantes mettent à nu la fragilité des apparences et la résistance tenace d’une société attachée à ses illusions. « La Confrérie des Faux Culs » est une satire hilarante et perspicace qui nous invite à rire de nos propres compromis et des masques que nous portons.