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Poussez les portes de mon théâtre en ligne ! Sur ce site, je vous invite à découvrir un univers où les mots deviennent des scènes, les phrases des dialogues vibrants et les silences, des échos chargés de sens. Vous trouverez ici mes créations dramatiques, des pièces nées de l’observation du monde qui nous entoure, des émotions qui nous traversent et des histoires qui méritent d’être contées.

Imaginez des personnages prendre vie sous vos yeux, avec leurs failles, leurs espoirs et leurs contradictions. Laissez-vous emporter par des intrigues captivantes, des rebondissements inattendus et des moments de pure humanité. Que vous soyez un passionné de théâtre à la recherche de nouvelles voix, un metteur en scène en quête du prochain projet qui vous passionnera, ou simplement un lecteur curieux d’explorer de nouveaux horizons littéraires, ce site est fait pour vous.

Prenez le temps de parcourir les pages, de lire les extraits et de vous laisser séduire par l’atmosphère unique de chaque pièce. J’espère que ces textes résonneront en vous et vous offriront d’agréables moments de lecture.

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Comédie : LES NAUFRAGES DU RER B


comédie en un acte

De Eric Fernandez Léger

Préface

Le théâtre, depuis ses origines, se nourrit des nœuds et des dénouements de l’existence humaine. Quoi de plus propice à révéler les tensions et les solidarités qu’un espace confiné, théâtre involontaire où des destins se croisent sous la contrainte d’un imprévu ? C’est dans cette veine que s’inscrit avec une acuité contemporaine la comédie d’Eric Fernandez Léger, « Les Naufragés du RER B ».

Loin des palais dorés et des champs de bataille épiques, l’auteur choisit un décor des plus banals, et pourtant profondément révélateur de notre quotidien : un wagon de RER, artère souterraine de nos vies pressées. Cet espace transitoire, habituellement voué à l’indifférence et à la hâte, devient ici le creuset d’une humanité forcée à la rencontre. Antoine, le trader speedé, Nora, la féministe engagée, Amine, le sans-papiers malicieux, et Suzanne, la vieille dame au charme désuet, figures archétypales de notre société, se retrouvent pris au piège d’un « arrêt momentané prolongé ».

Cette situation, en apparence anodine, agit comme un révélateur des fractures sociales et des préjugés qui traversent notre époque. À travers des dialogues vifs et souvent empreints d’un humour grinçant, Fernandez Léger met en lumière les crispations identitaires, les angoisses professionnelles, les luttes sociales et la précarité administrative qui constituent le paysage de notre modernité. On pense ici à la tradition de la comédie de mœurs, qui, de Molière à Yasmina Reza, s’est toujours attachée à décortiquer les travers et les contradictions de son temps à travers le prisme de situations de crise.

Pourtant, au-delà de la satire sociale, « Les Naufragés du RER B » explore une dimension plus intime et inattendue. La contrainte de l’immobilité forcée, l’ennui et l’incertitude paradoxalement ouvrent un espace de parole et d’écoute. Les masques tombent, les confidences émergent, et derrière les étiquettes sociales se dévoilent des fragilités et des aspirations communes. Cette transformation rappelle les dynamiques observées dans les микрогруппы (microgroupes) étudiées par la psychologie sociale, où un contexte partagé et une durée significative d’interaction peuvent conduire à une déconstruction des barrières interpersonnelles.

La pièce, avec son unité de lieu et de temps, et sa galerie de personnages aux caractères bien trempés, s’inscrit dans la tradition du théâtre de boulevard, mais avec une conscience sociale et une finesse psychologique qui la distinguent. L’humour, souvent caustique, n’est jamais gratuit ; il sert à souligner l’absurdité de certaines situations et la complexité des relations humaines.

En offrant gracieusement ce texte à la lecture, Eric Fernandez Léger invite à une diffusion large de cette comédie qui, sous ses airs légers, pose des questions essentielles sur notre capacité à coexister, à nous comprendre et à trouver une humanité partagée au-delà de nos différences. Pour toute exploitation, la démarche responsable de solliciter l’autorisation de la SACD témoigne d’un respect nécessaire envers la création artistique et ses circuits de diffusion professionnels.

« Les Naufragés du RER B » est ainsi une pièce qui résonne avec notre époque, où l’imprévu peut devenir une parenthèse inattendue, un moment de vérité où les passagers d’un wagon de RER, à l’image de notre société, sont peut-être plus proches qu’ils ne le croient.

L’intrigue

La pièce se déroule intégralement dans un wagon du RER B, bloqué entre deux stations en raison d’un incident technique. Quatre personnages que tout oppose se retrouvent ainsi confinés ensemble : Antoine, un trader stressé et dépendant de son téléphone ; Nora, une féministe engagée et sarcastique ; Amine, un sans-papiers observateur et pince-sans-rire ; et Suzanne, une vieille dame charmante mais un peu décalée.

Initialement marqués par la frustration et les préjugés, les quatre passagers, forcés par la situation, commencent à interagir. Leurs échanges, d’abord tendus et empreints de stéréotypes, évoluent progressivement vers des confidences inattendues. L’isolement forcé et la lenteur de l’attente créent un espace où les masques sociaux tombent.

Au fil des scènes, les personnages tentent d’abord des solutions individuelles pour s’échapper, puis se livrent à des joutes verbales révélatrices de leurs convictions et de leurs failles. Une tentative d’évasion d’Antoine échoue, tandis qu’Amine révèle sa situation précaire avec un humour désabusé. Suzanne, avec sa douceur et ses anecdotes d’un autre temps, apporte une perspective inattendue.

Un contrôleur apparaît brièvement, confrontant Amine à son absence de titre de transport, mais l’unité solidaire qui s’est formée entre les passagers le déstabilise. Ils partagent ensuite des vérités intimes, brisant les barrières et révélant leurs vulnérabilités. Antoine confie ses crises d’angoisse, Nora exprime ses doutes militants, Amine dévoile son existence construite sur des faux-semblants, et Suzanne partage des souvenirs surprenants.

Lorsque le train redémarre enfin, un sentiment ambivalentPlane dans le wagon. Les personnages savent que leur parenthèse est terminée et qu’ils vont retourner à leurs vies respectives. Pourtant, une connexion s’est établie, et ils quittent le wagon transformés par cette expérience inattendue, emportant avec eux une bribe de l’humanité rencontrée lors de ce « naufrage » ferroviaire. La fin laisse une note d’espoir, suggérant que même dans l’anonymat des transports en commun, des rencontres significatives et une forme de solidarité peuvent émerger.