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Imaginez des personnages prendre vie sous vos yeux, avec leurs failles, leurs espoirs et leurs contradictions. Laissez-vous emporter par des intrigues captivantes, des rebondissements inattendus et des moments de pure humanité. Que vous soyez un passionné de théâtre à la recherche de nouvelles voix, un metteur en scène en quête du prochain projet qui vous passionnera, ou simplement un lecteur curieux d’explorer de nouveaux horizons littéraires, ce site est fait pour vous.

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Vaudeville : UN MARI EN TROP


Vaudeville en 1 acte pour 5 personnes

De Eric Fernandez Léger

Préface

Quand le Vaudeville S’Élève à l’Art de la Mécanique Comique.

« Un Mari en Trop », s’inscrit avec une vigueur remarquable dans la tradition du vaudeville, tout en proposant une relecture contemporaine de ses codes. Loin d’être une simple succession de gags, cette œuvre se révèle être un véritable laboratoire de la mécanique comique, où chaque situation, chaque dialogue, chaque mouvement est orchestré avec une précision quasi horlogère, conférant à l’ensemble une profondeur structurelle souvent sous-estimée dans le genre.

Le vaudeville, hérité des boulevards parisiens du XIXe siècle, a trop souvent été relégué au rang de divertissement léger, voire superficiel. Pourtant, sous les rires francs et les portes qui claquent, se cache une ingénierie dramatique d’une complexité fascinante. Georges Feydeau en fut le maître incontesté, érigeant le quiproquo et la logique de l’absurde en véritables piliers d’une dramaturgie jubilatoire. « Un Mari en Trop » embrasse pleinement cette filiation, en l’intensifiant par une compression temporelle et spatiale, concentrant l’action en un acte unique et dans un huis clos étouffant – la chambre d’hôtel – qui devient le catalyseur d’un chaos exponentiel.

Au cœur de « Un Mari en Trop » se trouve la tension constante entre un désir d’ordre et la propagation inéluctable du désordre. Sylvain, le personnage central, s’évertue à construire une façade de bonheur et de respectabilité sur des fondations de mensonges. Or, le vaudeville, tel un sismographe comique, enregistre et amplifie la moindre fissure dans cette construction illusoire. L’arrivée imprévue de Georges, puis de Josette, n’est pas un simple accident, mais la conséquence logique des dissimulations initiales. Chaque tentative de Sylvain pour maîtriser la situation ne fait qu’envenimer le chaos, créant une spirale ascendante où la gravité des enjeux (un mariage, deux passés ressurgis) se heurte à la légèreté absurde des solutions proposées. Le rire naît ici de cette collision entre la rationalité apparente des personnages et l’irrationalité croissante de leurs actions.

Si les archétypes du vaudeville (l’époux volage, l’ancienne épouse, le mari revenu d’outre-tombe) sont présents, leur traitement dans « Un Mari en Trop » est d’une finesse qui dépasse le simple cliché. Le personnage d’Hervé, le réceptionniste, en est l’illustration la plus frappante. Loin d’être un simple faire-valoir, il incarne une forme de « logique hôtelière de l’absurde ». Son calme imperturbable, ses observations administratives face au dérèglement le plus total, et ses solutions pragmatiques (comme la planche « SOL GLISSANT » ou le tarif « scandale hôtelier ») confèrent au chaos une dimension bureaucratique et d’une drôlerie exquise. Hervé n’est pas seulement un personnage ; il est une fonction dramaturgique, un métronome qui, par son imperturbabilité, souligne l’hystérie ambiante. De même, la collection de nains de jardin ou le hamac pris pour un slip, bien que des détails, deviennent des éléments de caractérisation qui ancrent les personnages dans une réalité comique propre, subvertissant les attentes et injectant une dose de bizarrerie bienvenue.

Enfin, la pièce offre un matériau riche pour l’étude de la musicalité du dialogue comique. Les répétitions, les accélérations verbales, les phrases qui se coupent, les onomatopées, et les exclamations collectives créent une véritable partition rythmique. Le langage n’est pas seulement un vecteur d’information ; il est un instrument qui participe activement à la construction du comique. La réintroduction finale du vers, dans la scène conclusive, est un hommage direct à la tradition théâtrale classique, conférant une touche de poésie et d’élévation à un genre souvent décrié pour son prosaïsme. Cette clôture en vers scelle le caractère artistique de l’entreprise, rappelant que même le rire le plus débridé peut être l’aboutissement d’un travail d’écriture méticuleux et d’une maîtrise des formes.

« Un Mari en Trop » n’est donc pas qu’un simple divertissement. C’est une pièce qui, par sa conception astucieuse, son exécution précise et son sens aigu de l’absurde, se positionne comme un exemple probant de la vitalité et de la pertinence du vaudeville dans le paysage théâtral contemporain. Elle invite le lecteur et le spectateur à une analyse critique de ses mécanismes, révélant la complexité sous-jacente à une apparente légèreté.

L’intrigue

« Un Mari en Trop » est un vaudeville effréné qui se déroule dans une chambre d’hôtel unique. Sylvain Pommard, en pleine préparation de son mariage avec la charmante Élise Marjolin, est en proie à une panique existentielle et transpire à grosses gouttes. Son agitation est exacerbée par la présence d’une photo froissée de son ex-femme, Josette, qu’il s’efforce de faire disparaître.

Alors que Sylvain tente maladroitement de cacher les traces de son passé, le flegmatique et singulier réceptionniste Hervé fait son entrée, ajoutant une touche d’absurdité bureaucratique au désordre ambiant. À peine Élise a-t-elle quitté la pièce pour un instant que le passé de Sylvain frappe violemment à la porte : Georges Marjolin, le premier mari d’Élise, censé être mort en mer depuis deux ans, réapparaît en chair et en os, avec une algue collée à sa casquette et une histoire de fuite fiscale et de nains de jardin.

Georges, qui exige de se cacher dans le placard, révèle une « allergie » au confinement par des éternuements et des bruits de klaxon de clown, manquant de peu d’être découvert par Élise, qui prend la situation pour une nouvelle excentricité de Sylvain et un numéro de « clown asthmatique ».

Le chaos atteint son paroxysme avec l’arrivée fracassante de Josette, l’ex-femme de Sylvain, qui débarque avec une invitation de mariage reçue par erreur et des questions sur ses lasagnes. La chambre d’hôtel devient le théâtre d’un quiproquo généralisé où les trois personnages principaux confrontent un Sylvain de plus en plus acculé et en sueur.

Face à cette « crise existentielle » hors de contrôle, Hervé intervient à nouveau, non pas pour calmer le jeu, mais pour rappeler les règlements de l’hôtel sur les gifles et les tenues de cirque, proposant même une « suite présidentielle » pour le « règlement de comptes ».