Retrouvez ici mes pièces de théâtre en lecture libre (textes protégés SACD), ou contactez moi pour collaborer. Le théâtre ne vit que par ceux qui l’habitent – publics, artistes et passeurs d’histoires.

Poussez les portes de mon théâtre en ligne ! Sur ce site, je vous invite à découvrir un univers où les mots deviennent des scènes, les phrases des dialogues vibrants et les silences, des échos chargés de sens. Vous trouverez ici mes créations dramatiques, des pièces nées de l’observation du monde qui nous entoure, des émotions qui nous traversent et des histoires qui méritent d’être contées.

Imaginez des personnages prendre vie sous vos yeux, avec leurs failles, leurs espoirs et leurs contradictions. Laissez-vous emporter par des intrigues captivantes, des rebondissements inattendus et des moments de pure humanité. Que vous soyez un passionné de théâtre à la recherche de nouvelles voix, un metteur en scène en quête du prochain projet qui vous passionnera, ou simplement un lecteur curieux d’explorer de nouveaux horizons littéraires, ce site est fait pour vous.

Prenez le temps de parcourir les pages, de lire les extraits et de vous laisser séduire par l’atmosphère unique de chaque pièce. J’espère que ces textes résonneront en vous et vous offriront d’agréables moments de lecture.

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Contemporain : LES SILENCES DE JEANNE


Contemporain en 4 actes

De Eric Fernandez Léger

Préface

Écrire, c’est souvent tenter de donner une forme au chaos. Créer, c’est s’aventurer sur un terrain où les certitudes se dérobent, où la lumière côtoie l’ombre, et où le silence peut se révéler plus éloquent que n’importe quel cri. Avec « Les Silences de Jeanne », c’est précisément dans cette danse incertaine que j’ai choisi de m’engager.

Cette pièce est née d’une interrogation intime et universelle : comment le théâtre peut-il rendre compte de la perte la plus intime, celle de la mémoire ? Comment, en tant qu’artiste, peut-on donner voix à l’indicible, à ces mots qui s’échappent, à ces visages qui s’estompent, et à cette essence même de l’être qui semble se dissoudre au fil du temps ? Jeanne, mon personnage principal, incarne cette lutte. Elle est cette comédienne dont la vie a toujours été dictée par le texte, la réplique, la présence sur scène, et qui se trouve soudain confrontée à une absence grandissante, une passoire cérébrale qui filtre ses propres souvenirs.

En explorant la maladie neurodégénérative à travers le prisme du théâtre, j’ai voulu aller au-delà du simple diagnostic. Il ne s’agit pas ici d’une étude clinique, mais d’une plongée dans l’âme d’une femme, de son entourage, et d’une réflexion sur ce qui constitue notre identité lorsque les piliers de la mémoire vacillent. La fragmentation de la narration, le mélange des temporalités, l’irruption des enregistrements de la voix jeune de Jeanne – autant de choix dramaturgiques qui cherchent à mimer le désordre cognitif, mais aussi à révéler la poésie inhérente à cette condition. Car il y a une forme de beauté tragique dans ces silences, une vérité brute qui émerge lorsque le langage codifié se dérobe.

Jeanne, c’est aussi une métaphore. Celle de l’artiste face à l’usure du temps, celle de l’humanité face à l’éphémère. Ses silences ne sont pas des lacunes, mais des espaces. Des trous de mémoire qui deviennent les scènes où se joue son ultime performance, celle de la résistance, de la dignité, de la volonté de laisser une dernière empreinte. C’est dans cette dialectique entre l’oubli et la résilience que j’ai cherché à inscrire « Les Silences de Jeanne », comme un hommage à toutes celles et tous ceux qui, au quotidien, réécrivent leur propre pièce avec courage, tendresse et, parfois, une pointe d’humour.

Cette œuvre, je l’espère, invitera à une réflexion sur la valeur de chaque mot, de chaque souvenir, et sur la force des liens qui nous unissent, ces fils invisibles qui nous maintiennent debout même quand tout s’effondre. Car au fond, la mémoire ne réside pas uniquement dans le cerveau, mais aussi dans le cœur de ceux qui nous aiment.

Intrigue

« Les silences de Jeanne » nous plonge dans le quotidien de Jeanne, une ancienne et brillante comédienne de 70 ans, dont la mémoire est inexorablement grignotée par une maladie neurodégénérative. Le désordre croissant de son salon reflète celui de son esprit, où les mots et les souvenirs s’échappent comme du sable entre les doigts.

Entourée de sa fille Claire, dévouée mais épuisée, de son vieil ami et régisseur Étienne, et de son ancien partenaire de scène Louis, Jeanne tente de naviguer dans cette réalité fluctuante. L’arrivée de Marin, un jeune auteur passionné par son œuvre, propose un projet ambitieux : écrire une pièce sur sa vie, et particulièrement sur sa lutte contre l’oubli.

Alors que Jeanne alterne entre moments de lucidité fulgurante et épisodes de profonde confusion, la pièce explore les défis, les peurs et les moments de grâce liés à la perte de mémoire. Les proches de Jeanne se débattent avec l’impuissance et la douleur de la voir s’effacer, tout en cherchant des moyens de la soutenir et de préserver son héritage. L’écriture de Marin, d’abord entravée par le chaos des souvenirs de Jeanne, prend une nouvelle dimension en embrassant la fragilité et les silences.

La pièce culmine dans une ultime confrontation avec le public et la maladie, où Jeanne s’efforce de donner sa dernière représentation, non pas celle d’un texte appris, mais celle de sa vie même, faite de souvenirs qui s’estompent mais aussi de l’essence indomptable de son être d’artiste. C’est une exploration émouvante de ce que signifie exister, se souvenir, et laisser une trace, même quand les mots se taisent.