Retrouvez ici mes pièces de théâtre en lecture libre (textes protégés SACD), ou contactez moi pour collaborer. Le théâtre ne vit que par ceux qui l’habitent – publics, artistes et passeurs d’histoires.

Poussez les portes de mon théâtre en ligne ! Sur ce site, je vous invite à découvrir un univers où les mots deviennent des scènes, les phrases des dialogues vibrants et les silences, des échos chargés de sens. Vous trouverez ici mes créations dramatiques, des pièces nées de l’observation du monde qui nous entoure, des émotions qui nous traversent et des histoires qui méritent d’être contées.

Imaginez des personnages prendre vie sous vos yeux, avec leurs failles, leurs espoirs et leurs contradictions. Laissez-vous emporter par des intrigues captivantes, des rebondissements inattendus et des moments de pure humanité. Que vous soyez un passionné de théâtre à la recherche de nouvelles voix, un metteur en scène en quête du prochain projet qui vous passionnera, ou simplement un lecteur curieux d’explorer de nouveaux horizons littéraires, ce site est fait pour vous.

Prenez le temps de parcourir les pages, de lire les extraits et de vous laisser séduire par l’atmosphère unique de chaque pièce. J’espère que ces textes résonneront en vous et vous offriront d’agréables moments de lecture.

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Contemporain – Tragi-comédie : C’EST MIEUX APRES 70


Tragi-Comédie en 3 actes pour 5 femmes

De Eric Fernandez Léger

Préface

Cette pièce, que vous vous apprêtez à lire ou à découvrir sur scène, est née d’une interrogation simple, mais persistante : que reste-t-il de la volonté de subversion lorsque le corps et l’institution sociale semblent s’accorder pour organiser notre effacement ? Loin d’être un simple divertissement, « C’est mieux après 70 » est une tentative de cartographier un territoire souvent réduit à ses marges : la vieillesse. Mon ambition n’était pas de verser dans le pathos, ni de dresser un constat misérabiliste, mais d’interroger la notion de résistance et d’agentivité à un âge où l’on est, selon les normes sociétales, censé abandonner l’une et l’autre.

L’idée initiale a germé dans l’observation du quotidien. J’ai constaté à quel point la « bienveillance » institutionnelle peut se muer en un système d’infantilisation subtile, où l’autonomie est échangée contre le « confort » et le silence. Le salon de la maison de retraite, avec sa lumière blafarde et ses activités standardisées, est devenu, dans mon esprit, un microcosme, une allégorie de ce lent renoncement. Il représente le lieu où les voix s’éteignent les unes après les autres, non par fatigue, mais par la force de l’habitude et de l’absence de perspective.

Dans ce contexte, les personnages — Agathe, Claire, Odile, Josette et Lucie — ne sont pas de simples « résidentes », mais des figures archétypales de la révolte. Chacune, avec son histoire, ses failles et ses fulgurances, incarne une facette de l’insoumission. Agathe, l’ancienne avocate, représente la lucidité stratégique ; Odile, l’ancienne coiffeuse, l’extravagance libératrice ; Josette, l’ancienne infirmière, le pragmatisme râleur ; Claire, l’ancienne institutrice, la sensibilité poétique qui devient une force silencieuse ; et Lucie, la couturière, l’imaginaire comme ultime espace de fuite. Leur évasion, d’abord onirique puis concrète, n’est pas une fuite du temps, mais une fuite de l’immobilisme. C’est un acte de re-fondation de soi.

Le langage a été mon principal instrument de subversion. J’ai souhaité un dialogue incisif, rempli de répliques acérées, d’un humour décalé et d’une tendresse brute, pour refléter la richesse et la complexité de ces femmes. Chaque mot est pensé comme un acte de résistance contre le discours dominant qui assigne la vieillesse au silence et à la fragilité. La langue n’est pas ici un simple véhicule d’informations ; elle est une arme de reconquête de leur dignité. Le lancer de dentier, la grève du sourire, le pacte de la chaussette sont autant de gestes performatifs qui transforment l’absurde en un acte de sens.

Enfin, l’intégration du digital dans le récit n’est pas un simple ajout anecdotique. L’exposition médiatique imprévue du groupe interroge la place des aînés dans la société contemporaine et le regard qu’on leur porte. Les femmes ne sont plus invisibles ; elles deviennent des sujets d’étude, des fenêtres d’inspiration, mais aussi des avatars. Cette nouvelle confrontation avec le regard extérieur les oblige à redéfinir leur combat, non plus seulement pour elles-mêmes, mais face à une audience. La pièce pose ainsi la question fondamentale : peut-on être authentique dans un monde où tout devient spectacle ?

Au-delà de la critique sociale, « C’est mieux après 70 » est avant tout une célébration de la vie. Elle montre que la liberté n’a pas d’âge, qu’elle se trouve souvent dans les interstices de nos existences et qu’elle se conquiert par le rire, la complicité et une bonne dose d’impertinence.

Eric Fernandez Léger

L’intrigue

Dans le salon commun et impersonnel d’une maison de retraite en bord de mer, cinq femmes, chacune dotée d’un esprit vif et d’un tempérament rebelle, sont prisonnières de la routine bienveillante et ennuyeuse. Il y a Agathe, l’ancienne avocate charismatique ; Claire, l’ex-institutrice calme et sensible ; Odile, l’ancienne coiffeuse extravagante ; Josette, l’ex-infirmière pragmatique et sarcastique ; et Lucie, la couturière poète qui vit souvent dans son propre monde.

Lassées des crèmes dessert à la vanille, des quiz sonores et des activités infantilisantes, elles se découvrent unies par un sentiment commun de temps perdu. La tension, qui couve sous un masque de civilité, explose lorsque Lucie brise le silence en jetant son dentier dans un vase. Cet acte de rébellion absurde et libérateur allume une étincelle chez les autres.

De ce moment de défi collectif naît un plan radical : l’évasion. Non pas en tant que fugitives, mais en tant que fondatrices. Sous le prétexte d’un « atelier de poterie thérapeutique », elles orchestrent un départ chaotique mais méticuleux, en réquisitionnant le minibus de l’établissement. Leur destination ? « La Chouette Rousse », une vieille villa d’artiste décrépite que Lucie observait secrètement, un lieu où elles peuvent enfin reprendre leur vie en main. Cependant, leur nouvelle liberté s’accompagne de défis inattendus.