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Poussez les portes de mon théâtre en ligne ! Sur ce site, je vous invite à découvrir un univers où les mots deviennent des scènes, les phrases des dialogues vibrants et les silences, des échos chargés de sens. Vous trouverez ici mes créations dramatiques, des pièces nées de l’observation du monde qui nous entoure, des émotions qui nous traversent et des histoires qui méritent d’être contées.

Imaginez des personnages prendre vie sous vos yeux, avec leurs failles, leurs espoirs et leurs contradictions. Laissez-vous emporter par des intrigues captivantes, des rebondissements inattendus et des moments de pure humanité. Que vous soyez un passionné de théâtre à la recherche de nouvelles voix, un metteur en scène en quête du prochain projet qui vous passionnera, ou simplement un lecteur curieux d’explorer de nouveaux horizons littéraires, ce site est fait pour vous.

Prenez le temps de parcourir les pages, de lire les extraits et de vous laisser séduire par l’atmosphère unique de chaque pièce. J’espère que ces textes résonneront en vous et vous offriront d’agréables moments de lecture.

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Comédie – JEUNESSE : MYSTERE A PENESTIN


Comédie en 3 actes

De Eric Fernandez Léger

Préface

La présente œuvre, fruit d’une exploration assidue des méandres du quotidien en milieu rural, propose une immersion singulière dans l’univers de Pénestin, petite commune bretonne dont les apparences cachent une richesse insoupçonnée de phénomènes. Loin des grandiloquentes énigmes des métropoles ou des sombres machinations d’envergure internationale, ce récit s’attache à dépeindre une réalité où l’absurdité du détail et la persistance de l’insignifiant deviennent les véritables catalyseurs d’une quête existentielle.

Mon intérêt pour les dynamiques sociales et les comportements humains en réponse à des stimuli inattendus m’a naturellement conduit à observer les figures de Paul et Germaine. Ces personnages, archétypes d’une certaine forme d’ingéniosité locale, incarnent la persévérance face à des « problèmes » dont la banalité n’a d’égale que la profondeur de l’engagement qu’ils y investissent. Leur méthodologie, oscillant entre une rigueur quasi scientifique et une imagination débordante, offre un prisme fascinant à travers lequel analyser la construction du sens et la sublimation de l’ordinaire.

L’analyse de leur démarche, qui transforme une chaussette égarée ou un coup de cloche intempestif en un défi intellectuel majeur, révèle une aptitude remarquable à conférer une dignité à ce qui est généralement ignoré. Cette capacité à problématiser l’anodin n’est pas seulement une source de comique ; elle est aussi une réflexion sur la perception humaine, la nécessité de la narration dans nos vies, et la manière dont nous créons du sens là où il semble n’y en avoir aucun.

Pénestin, en tant que cadre de cette étude, transcende son rôle de simple toile de fond pour devenir un personnage à part entière. Ses habitants, leurs réactions – entre amusement, résignation et une pointe d’agacement – face aux pérégrinations de nos protagonistes, contribuent à tisser une tapisserie sociale riche et authentique. Le village, avec ses mystères récurrents (de la cloche récalcitrante au banc itinérant), se présente comme un microcosme où l’extraordinaire se niche au cœur du familier, défiant la rationalité conventionnelle et invitant à une lecture plus nuancée du réel.

Cet écrit n’a pas la prétention d’apporter des réponses définitives aux grandes questions de l’existence. Il aspire plutôt à éclairer la puissance de l’esprit humain à créer des récits, à trouver un sens, et à s’engager avec passion, même (et surtout) face aux mystères les plus dérisoires. Il s’agit d’une célébration de la curiosité insatiable et de l’ingéniosité débordante qui, même lorsqu’elle s’exerce sur de « faux problèmes », révèle une vérité plus profonde sur notre besoin de comprendre, d’expliquer, et d’agir sur le monde qui nous entoure.

Je souhaite au lecteur autant de plaisir à découvrir les aventures de Paul et Germaine que j’en ai eu à les consigner, dans l’espoir que cette incursion à Pénestin offre un éclairage nouveau sur la complexité merveilleuse de l’ordinaire.

Eric Fernandez Léger

L’intrigue

« Mystère à Pénestin » est une comédie qui suit les péripéties de Paul et Germaine, deux sexagénaires retraités bretons dotés d’une passion inébranlable pour la résolution des « faux problèmes » du quotidien. Leur obsession pour la « rigueur scientifique » et les « méthodes d’enquête » les pousse à transformer chaque petite anomalie en un mystère de la plus haute importance.

Leurs premières « enquêtes » établissent leur caractère : du rosier asymétrique dont la « carence en poésie » préoccupe Germaine, à la chaussette rayée dépareillée qui devient une « fugitive textile » traquée avec cartes et filets à papillons. Les habitants de Pénestin, entre amusement et résignation, assistent à leurs excentricités.

Le cœur du récit se déclenche lorsqu’un phénomène inattendu perturbe la quiétude nocturne du village : un coup de cloche unique retentissant chaque nuit à 3h17 pile. Paul et Germaine, y voyant le mystère de leur vie, se lancent dans une enquête acharnée. Après des nuits d’observation acharnée, munis de couvertures, de thermos et d’équipements plus loufoques les uns que les autres (jumelles, monoculaire, micro externe), ils « démasquent » le coupable : une branche du grand chêne voisin qui, sous l’effet du vent, viendrait frapper une petite cloche secondaire. Leur victoire est éclatante, célébrée par une « opération Coupe-Branche » digne des plus grands exploits.

Cependant, leur triomphe est de courte durée. Le lendemain matin, à 3h17, le coup de cloche retentit de nouveau, clair et distinct. Leur solution s’effondre. Loin de se décourager, Paul et Germaine basculent dans des théories encore plus extravagantes : le clocher aurait une « mémoire », une « volonté propre », il essaierait de leur envoyer un « message codé » via un « réseau de communication campanien souterrain ». Leurs tentatives pour communiquer directement avec le clocher, notamment en lui laissant des questions écrites à la craie au pied de l’église, sont hilarantes.

Leur quête du « message » les mène à une nouvelle observation : le son semble « dévié », « réfléchi » par une vieille maison en rénovation. Ils s’introduisent chez Monsieur Léon, un bricoleur nocturne. La révélation est d’une simplicité désarmante : Monsieur Léon a installé une petite cloche miniature qu’il a trouvée dans un vide-grenier. Elle est réglée pour sonner à 3h17, heure à laquelle il termine ses travaux pour aller se faire une tisane.

Face à cette vérité prosaïque, Paul et Germaine refusent l’évidence et réinterprètent la situation : la cloche de Monsieur Léon est en fait un « relais », la preuve de la « conspiration de cloches intelligentes » qu’ils avaient imaginée. Leur « découverte » est présentée au village comme une prouesse scientifique majeure.

La pièce se clôt sur un ultime clin d’œil. Alors que Paul et Germaine savourent leur victoire au café du port, ils remarquent la disparition du banc public du quai. Le pêcheur Marcel, blasé, leur assure qu’il « disparaît souvent, mais revient toujours ». Ignorant la banalité de la situation, Paul et Germaine s’excitent à l’idée de ce nouveau mystère du « mobilier urbain errant », prouvant que leur quête des « faux problèmes » est une aventure sans fin à Pénestin.