Comédie dramatique en 4 actes
De Eric Fernandez Léger
Préface
La présente œuvre, fruit d’une exploration approfondie des mécanismes complexes de l’art, du silence et de la mémoire, se veut une modeste contribution à la réflexion sur la portée du non-dit et la puissance de la restitution. L’écriture de cette pièce, « L’Ombre au Gant Blanc », a été un cheminement introspectif, jalonné par la nécessité de donner corps à des interrogations qui, je l’espère, résonneront au-delà des planches.
Mon ambition, en tant qu’auteur, n’a jamais été de proposer des réponses définitives, mais plutôt d’ouvrir des espaces de questionnement. Il s’agit d’inviter le lecteur et le spectateur à s’interroger sur la nature de la vérité – celle que l’on manipule, celle que l’on tait, et celle qui finit invariablement par refaire surface, souvent par les chemins les plus inattendus. Le théâtre, dans sa capacité à incarner l’invisible, m’a semblé le médium le plus à même de traduire cette quête.
Le personnage d’Étienne, le « voleur élégant », est au cœur de cette démarche. Il n’est pas un héros au sens conventionnel, mais plutôt un catalyseur de vérité, un artisan de la réhabilitation. Son parcours, qui le mène du geste transgressif à l’acte de restitution silencieux, symbolise la complexité des intentions humaines et la possibilité de transcender les rôles assignés. À travers lui, j’ai souhaité explorer cette frontière ténue entre le geste illicite et l’action juste, une ligne que l’art, parfois, parvient à brouiller avec une rare éloquence.
La thématique de l’effacement, qu’il soit historique, artistique ou personnel, constitue le socle sur lequel repose l’intégralité de cette pièce. En mettant en lumière le destin de Margot Delambre et de ceux qui l’ont précédée dans l’oubli, j’ai cherché à souligner la violence des silences imposés et l’urgence de redonner voix aux récits marginalisés. La bibliothèque, loin d’être un simple décor, devient un personnage à part entière : un lieu de savoir et de transmission, mais aussi, paradoxalement, un écrin pour les vérités étouffées.
Je ne saurais conclure cette préface sans exprimer ma profonde gratitude envers ceux qui, par leur lecture attentive et leurs retours pertinents, ont contribué à affiner cette œuvre. Le processus de création est, par essence, un dialogue, et chaque suggestion, chaque questionnement a enrichi ma réflexion et la substance même du texte.
Que cette pièce puisse, à son tour, susciter le dialogue et la contemplation, et rappeler que même dans l’ombre la plus profonde, la lumière de la vérité finit toujours par se frayer un chemin.
Eric Fernandez Léger
L’intrigue
« L’Ombre au Gant Blanc » est une pièce qui plonge au cœur des silences de l’histoire et de la quête de vérité. Elle met en scène Étienne, un homme d’une élégance rare, réputé pour ses « talents » discrets. Mais cette fois, il n’est pas question de s’approprier, mais de restituer.
Solène, une femme de conviction, le sollicite pour une mission singulière : faire réapparaître un manuscrit oublié, lié au destin de Margot Delambre, une bibliothécaire dont l’existence a été délibérément effacée du récit officiel. Ce n’est pas un simple vol, mais une réparation délicate, une danse avec les ombres.
Au fil de l’intrigue, les personnages explorent les rouages d’une institution où l’ordre et le classement ont parfois eu raison de la mémoire et de la justice. Étienne découvre que la disparition de Margot n’est pas un incident isolé, mais le maillon d’une chaîne d’effacements plus anciens, révélant une violence insidieuse exercée sur les voix marginalisées.
La pièce explore la complexité du geste juste, interrogeant ce qui demeure quand les noms sont tus et les vérités, dissimulées. C’est une réflexion sur le panache de la discrétion, la puissance du non-dit et la capacité de l’art à redonner souffle à ce qui a été confisqué. « L’Ombre au Gant Blanc » est une ode à la résilience de la mémoire, où chaque silence est une note, et chaque absence, une présence forte.