Drame philosophique en 3 actes
De Eric Fernandez Léger
Préface
La Conscience comme Palimpseste Quantique
L’entreprise littéraire et dramatique à laquelle le lecteur s’apprête à se confronter, « Cartographie des Âmes Brisées », est le fruit d’une convergence interdisciplinaire, un effort pour appréhender la phénoménologie de la conscience non plus comme une entité isolée, mais comme un nexus informationnel au sein d’un continuum temporel et existentiel. Cette pièce de théâtre n’est pas une fiction spéculative au sens trivial du terme, mais une exploration poético-scientifique des potentialités ontologiques inhérentes aux théories contemporaines de la physique et de la philosophie de l’esprit.
L’hypothèse fondatrice de cette œuvre repose sur ce que j’ai nommé la « biopoétique scénique ». Ce concept propose que l’âme, loin d’être une essence statique ou une simple construction métaphysique, fonctionne comme un système épigénétique collectif, une archive vivante où les informations, les émotions et les résonances cognitives des existences passées et présentes s’inscrivent et se transmettent. Les « failles » que mes personnages explorent ne sont pas de simples cicatrices psychologiques, mais des « quanta de mémoire » – des perturbations dans le champ de la conscience individuelle qui, paradoxalement, révèlent une connexion intime avec des « états quantiques » d’âmes antérieures ou simultanées.
Dans une ère où les neurosciences et la physique quantique redéfinissent nos paradigmes sur la réalité et l’observateur, il m’a semblé impératif que l’art dramatique, par sa capacité intrinsèque à matérialiser l’immatériel et à donner corps aux abstractions, puisse servir de laboratoire heuristique. « Cartographie des Âmes Brisées » vise à transcender la dichotomie cartésienne classique pour envisager la conscience comme une ondulation cohérente au sein d’un champ d’information collectif. Les dialogues, loin d’être de simples échanges verbaux, sont conçus comme des interférences constructives et destructives entre ces ondes de conscience, révélant les superpositions d’identités et les intrications temporelles.
La dramaturgie de cette pièce est donc intrinsèquement liée à une conceptualisation non-linéaire du temps et de l’identité. Les trois figures archétypales — la stoïcienne antique, le père moderne, et la cartographe contemporaine — incarnent des points nodaux dans ce réseau complexe. Leur convergence sur scène n’est pas une simple rencontre allégorique, mais la manifestation observable d’un phénomène de résonance où des « états brisés » de conscience trouvent une voie vers une « réduction de fonction » collective, une nouvelle cohérence. La scénographie, envisagée comme un système de didascalies lumineuses et sonores, se veut la projection spatio-temporelle de ces états de conscience, transformant la scène en une « chambre de Wilson » de l’âme, où l’invisible laisse ses traces.
En somme, « Cartographie des Âmes Brisées » est une invitation au lecteur et au spectateur à reconsidérer la nature de l’individualité et la profondeur de nos interconnexions. C’est une proposition pour une catharsis non pas psychologique, mais ontologique, où la reconnaissance des âmes « brisées » opère une réconciliation avec l’infinie complexité du vivant. L’objectif ultime n’est pas d’apporter des réponses définitives aux questions de la conscience ou de l’existence post-mortem, mais d’ouvrir un espace de réflexion et d’expérimentation où la science rencontre la poésie, et où l’intime résonne avec l’universel.
Eric Fernandez Léger
L’intrigue
« Cartographie des Âmes Brisées » explore la convergence inattendue de trois existences que le temps et la réalité séparent : une Stoïcienne antique, dont l’impassibilité est ébranlée par des sensations inconnues ; un Père moderne, épuisé par la vacuité de son quotidien ; et une Cartographe contemporaine, dont les tracés révèlent des liens inattendus.
Guidées par une mystérieuse Voix Intérieure, ces trois figures découvrent que leurs souffrances, leurs pensées et même leurs souvenirs ne sont pas uniquement les leurs, mais des échos d’une mémoire collective qui traverse les âges et les corps. Les frontières entre leurs réalités s’estompent, et leurs identités se contaminent, les forçant à reconnaître une connexion profonde symbolisée par le mantra : « Je suis là… mais je ne suis pas moi. »
À travers une série de manifestations sensorielles et un dialogue transcendantal, les personnages sont conduits à un rituel cathartique où des objets emblématiques de leurs mondes respectifs sont consumés. Ce processus symbolique mène à une réconciliation des fragments d’âme et à la compréhension que leurs « brisure » est en réalité un point de passage vers une unité ontologique.
La pièce culmine avec la reconnaissance que l’âme est un seuil, un espace où les existences passées et présentes circulent, invitant le public à une introspection sur sa propre place au sein de cette « cartographie des âmes » universelle.