Tragédie grecque pour 12 personnes
De Eric Fernandez Léger
Préface
Combien de temps une vérité peut-elle rester enfouie avant d’empoisonner tout un peuple ? À Thyrnos, le silence a duré une génération, tissé autour d’une tragédie originelle dont les échos hantent encore les vivants. Imaginez : une cité entière détournant le regard d’une citerne dont les eaux sombres murmurent le nom d’un enfant disparu, un enfant dont l’existence même est niée par la peur du pouvoir et la persistance d’une vieille haine. « Thymélè, Fille du Silence » nous confronte à cette question brûlante à travers le récit d’une quête obstinée et d’une cité longtemps complice, prisonnière d’une malédiction familiale aux racines profondes.
À l’instar de l’Antigone d’Anouilh se dressant seule face à la raison d’état, Thymélè incarne la force indomptable de la vérité face au silence organisé et à une fatalité ancestrale. Cette relecture audacieuse de la tragédie grecque, qui n’est pas sans rappeler la thématique du secret familial et de ses répercussions collectives explorée dans « La Maison Bernarda Alba » de Lorca, plonge au cœur des mécanismes complexes du déni, de l’éveil tardif des consciences et du poids des haines transmises de génération en génération. L’Enfant Muet, figure emblématique de cette œuvre, hante la scène comme la manifestation silencieuse de la mémoire refoulée et le rappel constant d’une malédiction cyclique.
« Thymélè, Fille du Silence » est plus qu’une tragédie ; c’est une dissection poignante des silences de notre propre époque, un rappel nécessaire que l’absence de parole n’est jamais synonyme d’innocence, et que les vérités étouffées, tout comme les vieilles haines, finissent toujours par réclamer leur audience.
Eric Fernandez Léger
L’INTRIGUE
À Thyrnos, une cité antique marquée par le silence d’une génération, la vérité d’une tragédie originelle menace d’éclater. Au cœur de ce secret : la disparition d’un enfant dont l’existence même est niée par la peur du pouvoir royal et la persistance d’une vieille haine entre deux familles.
Thymélè, fille du roi Archémènes, refuse de se soumettre à l’omerta ambiante. Guidée par une soif inextinguible de vérité et hantée par l’absence d’un frère dont le nom n’est jamais prononcé, elle entreprend une quête obstinée pour exhumer les secrets enfouis de sa famille et de la cité.
Sa recherche la confronte à un père tyrannique, rongé par la culpabilité et la paranoïa, et à un frère aîné, Lysandre, tiraillé entre son loyalisme et les bribes d’une mémoire refoulée. L’énigmatique Enfant Muet, manifestation silencieuse de la conscience collective, devient un guide troublant dans ce dédale de mensonges et de non-dits.
Au fur et à mesure que Thymélè déterre des preuves accablantes, notamment les fragments d’une stèle funéraire effacée, les silences se fissurent et la vérité sur la mort de l’enfant perdu et le rôle sinistre du conseiller royal déchu, Thyrrhos, commence à émerger. La vieille haine, née d’un serment brisé et d’un sang versé entre les maisons royales, se révèle être le moteur secret de cette tragédie cyclique.
Face à un passé monstrueux et à une malédiction ancestrale, Thymélè, Lysandre et même Archémènes sont confrontés à un choix ultime : perpétuer le cycle de la vengeance ou briser la chaîne de la haine par un sacrifice tragique, dans l’espoir fragile d’une purification pour Thyrrhos.