Drame historique en 5 actes
pour 12 personnes
De Eric Fernandez Léger
Préface
Le rideau se lève sur une énigme picturale qui, cinq siècles après sa création, continue de fasciner, de dérouter et de hanter les esprits : Le Jardin des Délices de Jérôme Bosch. Ce triptyque, don troublant offert à la couronne espagnole, devient le point de départ d’une quête intellectuelle et spirituelle menée par Fray Alonso, moine érudit dont l’esprit vif et sceptique est mis à l’épreuve par la vision singulière du maître flamand.
Dans une Espagne austère, où le dogme religieux règne en maître et où les ombres de l’Inquisition s’étendent sur toute pensée déviante, l’œuvre de Bosch apparaît comme une provocation, un défi à la morale et à la raison. Le Cardinal Mendoza, figure austère et gardien vigilant de la foi, perçoit dans ce foisonnement de créatures hybrides, de nudités audacieuses et de scènes étranges une possible source d’hérésie, une influence subversive qu’il faut à tout prix décrypter et, si nécessaire, éradiquer.
C’est dans ce contexte tendu qu’intervient Fray Alonso. Son érudition et sa perspicacité sont sollicitées pour démêler l’écheveau de symboles et d’allégories qui composent le triptyque. Mais au-delà de l’enquête artistique, c’est une confrontation avec les limites de l’interprétation, avec la subjectivité du regard et avec la complexité de l’âme humaine qui se dessine. Alonso, armé de son intelligence et d’un humour parfois irrévérencieux, se lance dans un voyage au cœur d’un univers pictural déroutant, où le paradis terrestre côtoie un enfer musical et tortueux, et où le jardin central, lieu de délices ambigus, semble suspendu entre innocence et corruption.
Au fil de ses investigations, Alonso croisera des figures marquantes : El Greco, peintre visionnaire dont les propres toiles vibrent d’une spiritualité intense et d’une liberté de forme qui résonnent étrangement avec l’audace de Bosch ; Isabella, présence énigmatique, peut-être allégorie vivante de l’œuvre elle-même, dont les paroles sibyllines sèment le trouble et la fascination ; et les membres zélés de l’Inquisition, incarnés par Fray Miguel, dont la rigidité dogmatique s’oppose à toute tentative d’interprétation nuancée.
Le Jardin des Délices n’est pas seulement une pièce sur l’art et son interprétation. C’est une exploration des tensions entre la foi et la raison, entre la liberté créatrice et le poids des dogmes, entre la fascination pour le péché et la quête de la rédemption. À travers le regard d’Alonso, nous sommes invités à nous interroger sur la nature de la beauté, sur la complexité du symbole et sur la manière dont une œuvre d’art peut traverser les siècles, suscitant toujours de nouvelles interrogations et de nouvelles significations.
Cette pièce vous invite à plonger dans un univers où la logique se heurte à l’étrange, où le visible masque des vérités plus profondes, et où le « jardin » de Bosch devient le théâtre d’une lutte intemporelle pour la compréhension et la tolérance. Laissez-vous guider par les ombres et les lumières de cette enquête singulière, et peut-être, au détour d’une scène, apercevrez-vous une nouvelle clé pour déchiffrer les mystères du Jardin des Délices… et les recoins insoupçonnés de votre propre jardin intérieur.
Eric Fernandez Léger
L’intrigue
Dans une Espagne du XVIe siècle rigide et dominée par l’Inquisition, le moine érudit Fray Alonso se voit confier une mission périlleuse : décrypter le sens caché du Jardin des Délices de Jérôme Bosch, un triptyque énigmatique aux images luxuriantes et troublantes. Commandité par le Cardinal Mendoza, qui redoute une hérésie dissimulée sous les symboles du tableau, Alonso plonge dans une enquête intellectuelle et spirituelle qui remet en question les certitudes de son époque.
Au fil de sa quête, il croise des personnages aussi fascinants que contradictoires : El Greco, peintre visionnaire dont l’art libre dialogue avec l’audace de Bosch ; Isabella, une femme mystérieuse qui semble incarner les ambiguïtés de l’œuvre ; et Fray Miguel, inquisiteur intransigeant pour qui toute interprétation divergente est une menace.
Entre dogme religieux et liberté artistique, entre raison et mysticisme, Alonso explore les multiples strates du Jardin des Délices, où paradis, délices terrestres et enfer s’entrelacent. La pièce interroge le pouvoir subversif de l’art, les limites de l’interprétation et la lutte éternelle entre l’orthodoxie et la créativité. Sans révéler son issue, l’histoire promet une réflexion profonde sur la beauté, le péché, et les mystères qui habitent toute œuvre géniale – comme ceux qui résident en chaque être humain.
Une plongée dans les ambiguïtés d’un chef-d’œuvre, miroir des tensions de son temps… et du nôtre.