Retrouvez ici mes pièces de théâtre en lecture libre (textes protégés SACD), ou contactez moi pour collaborer. Le théâtre ne vit que par ceux qui l’habitent – publics, artistes et passeurs d’histoires.

Poussez les portes de mon théâtre en ligne ! Sur ce site, je vous invite à découvrir un univers où les mots deviennent des scènes, les phrases des dialogues vibrants et les silences, des échos chargés de sens. Vous trouverez ici mes créations dramatiques, des pièces nées de l’observation du monde qui nous entoure, des émotions qui nous traversent et des histoires qui méritent d’être contées.

Imaginez des personnages prendre vie sous vos yeux, avec leurs failles, leurs espoirs et leurs contradictions. Laissez-vous emporter par des intrigues captivantes, des rebondissements inattendus et des moments de pure humanité. Que vous soyez un passionné de théâtre à la recherche de nouvelles voix, un metteur en scène en quête du prochain projet qui vous passionnera, ou simplement un lecteur curieux d’explorer de nouveaux horizons littéraires, ce site est fait pour vous.

Prenez le temps de parcourir les pages, de lire les extraits et de vous laisser séduire par l’atmosphère unique de chaque pièce. J’espère que ces textes résonneront en vous et vous offriront d’agréables moments de lecture.

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Vaudeville : CONNEXION FATALE


Vaudeville en 5 actes pour 6 personnes

De Eric Fernandez Léger

Préface

Le Vaudeville à l’Ère Numérique.

Le théâtre, depuis ses origines, a toujours servi de miroir, parfois déformant, à la société qu’il observe. De la comédie grecque antique, moquant les travers de la cité, aux satires élisabéthaines, fustigeant les vices de la cour, l’art dramatique n’a cessé d’interroger les mœurs de son temps. Au sein de cette riche tradition, le vaudeville, genre souvent sous-estimé par la critique académique mais indéniablement populaire et résilient, occupe une place singulière. Longtemps perçu comme un divertissement léger, axé sur le rire pur et la mécanique des situations, le vaudeville, notamment sous la plume de maîtres tels que Georges Feydeau, se révèle être un laboratoire social d’une acuité insoupçonnée, capable de démasquer, à travers le grotesque et l’absurde, les névroses profondes de son époque.

C’est dans cette lignée que s’inscrit « Connexion Fatale », une pièce qui transcende les conventions du vaudeville pour offrir une analyse incisive et hilarante de la condition humaine à l’ère numérique. Si Feydeau excellait à dépeindre les affres de la jalousie bourgeoise, les contraintes du mariage et les hypocrisies mondaines via un mécanisme horloger de quiproquos et de portes qui claquent, « Connexion Fatale » transpose cette ingéniosité dramaturgique au cœur de nos anxiétés contemporaines : la dépendance aux écrans, la quête effrénée de validation en ligne, la solitude paradoxale de la sur-connexion, et la fragilité de nos identités numériques.

L’auteur de « Connexion Fatale » ne se contente pas de reprendre les codes formels du vaudeville – l’intrigue rythmée par des rebondissements imprévus, les entrées et sorties en cascade, les malentendus qui s’accumulent jusqu’à l’explosion comique. Il les sublime en les imprégnant d’une thématique éminemment actuelle. Les personnages, loin d’être de simples figures caricaturales, deviennent les incarnations grotesques de nos propres obsessions. La paranoïa de Mme Corbel face aux « ondes », la quête désespérée d’Alex pour sa « LadyLascar » virtuelle, la jalousie de Marion face à une « PrincessePizza » fantasmée, l’angoisse de Tom, influenceur déchu, la soif de validation de Bernard l’éditeur, et le désir d’anonymat brisé de Lucie, sont autant de reflets amplifiés des aliénations de notre ère.

Ce qui confère à cette pièce sa profondeur, au-delà du rire cathartique, c’est sa capacité à transformer des problématiques complexes en ressorts comiques imparables. Le bug numérique n’est plus un simple aléa technique, mais un catalyseur dramatique qui précipite les personnages dans un chaos existentiel. Le silence de la déconnexion devient une épreuve insoutenable, un « vide » assourdissant révélant la vacuité de leurs existences numériques. Le ronronnement du réfrigérateur, loin d’être un simple bruit de fond, s’érige en véritable personnage sonore, un métronome absurde de la folie ambiante, voire une entité moqueuse du destin.

L’astuce dramaturgique, notamment la suppression du chat au profit du « bonnet de douche brodé » comme élément de révélation finale, est une preuve supplémentaire de la maîtrise de l’auteur. Ce choix, apparemment anodin, est en réalité une touche de génie Feydeauien, transformant un objet du quotidien des plus insignifiants en la clé absurde d’une cascade de reconnaissances et de démasquages. C’est l’essence même du vaudeville : le dérisoire qui fait basculer le monde, le détail qui, par un effet de loupe grotesque, révèle la vérité crue des personnages.

« Connexion Fatale » est, en somme, un examen jubilatoire de notre rapport ambivalent à la technologie. Elle nous invite à rire de nos propres travers, tout en nous confrontant à la fragilité de nos constructions identitaires numériques. Loin de se contenter d’un simple divertissement, cette œuvre s’inscrit dans la tradition des grandes comédies qui, par l’exagération et l’absurde, nous poussent à une réflexion profonde sur la nature humaine et les pièges de notre modernité. Elle est un rappel vibrant que, même à l’ère des algorithmes et des réseaux, les mécanismes de la folie humaine, de la passion et de la jalousie restent des constantes intemporelles, dignes d’être scrutées sous le prisme déformant, mais si éclairant, du vaudeville.

L’intrigue

« Connexion Fatale » est un vaudeville effréné qui plonge ses personnages, et par extension le public, dans les abîmes hilarants de la dépendance numérique. L’action se déroule dans le hall d’un immeuble haussmannien, où le chaos technologique règne en maître dès le lever de rideau.

L’intrigue débute avec l’arrivée successive de plusieurs résidents, tous accros à leurs écrans et victimes de leurs propres névroses connectées :

Mme Corbel, une paranoïaque convaincue des dangers des « ondes » et des « cyber-complots », enregistrant tout avec son dictaphone.

Alex, un analyste financier désespéré de retrouver sa « LadyLascar » virtuelle, sa seule raison de vivre numérique.

Marion, une femme élégante mais hystérique, obsédée par la « PrincessePizza » qui, elle en est persuadée, est la maîtresse virtuelle de son mari.

Tom, un jeune influenceur dont la carrière et l’existence même dépendent de ses « likes » et de ses « followers », en pleine panique face à l’interruption de son « live ».

Lucie, la voisine discrète et anonyme, qui se révèle être l’auteure de romans érotiques sous le pseudonyme d’Hortense, cherchant désespérément à protéger son secret et sa vie privée.

Et enfin, Brice, un acteur raté se faisant passer pour un technicien, en réalité un « artiste de la performance » qui orchestre en secret ce « chaos de la connexion » pour démasquer l’absurdité de leur dépendance.

La pièce bascule lorsque Brice « règle » la borne Wi-Fi, mais provoque en réalité un bug monumental qui déconnecte tout l’immeuble. Plongés dans un silence numérique assourdissant, les personnages sont confrontés à l’absence de leurs écrans, ce qui ne fait qu’exacerber leurs angoisses et leurs obsessions. Leurs tentatives désespérées de se reconnecter, ou de trouver un coupable, donnent lieu à des scènes de quiproquos en cascade.

Les révélations s’enchaînent : l’éditeur de Lucie, Bernard, débarque, furieux de ne pas avoir la suite de son manuscrit. Les identités réelles des personnages se dévoilent petit à petit, souvent sous le coup du désespoir ou de la panique, créant des malentendus hilarants et une confusion totale sur scène. Lucie est Hortense, qui est à la fois perçue comme la « LadyLascar » d’Alex, la « PrincessePizza » de Marion, et l’auteure d’une littérature sulfureuse.

L’apothéose comique est atteinte lorsque Brice est découvert coincé dans un sac de sport avec un masque de clown, alors qu’il tentait une ultime « performance artistique ». Cette scène provoque une panique générale et une nouvelle coupure du réseau, plongeant le hall dans l’obscurité.

Dans le noir, les personnages, forcés de se parler sans leurs écrans, en viennent à des confessions inattendues, révélant la vacuité de leurs vies numériques.