Comédie en 4 actes
De Eric Fernandez Léger
Préface
Ah, ! Le seuil par où le lecteur hésitant s’aventure, ou rebrousse chemin, effrayé par l’austérité du propos ou séduit par la promesse d’un festin intellectuel. Ici, point de traité didactique, point d’exégèse aride. Non. Que le rideau se lève sur une étrange comédie, où les siècles s’entrechoquent en un ballet ironique, où les cœurs, ces fragiles architectures de désir et de déception, sont convoqués devant un tribunal d’un genre nouveau.
Imaginez, lecteur curieux, la poussière des archives s’animant en un tourbillon temporel, un écho du passé vibrant dans l’air saturé de nos modernes désillusions. Voici qu’un homme d’un autre temps, plume alerte et regard malicieux, se retrouve sommé de répondre d’un crime singulier : celui d’avoir par ses mots, ses fines analyses des sentiments naissants et des masques sociaux, perverti la candeur amoureuse de générations futures.
Marivaux, le subtil artisan des jeux de l’amour et du hasard, le peintre délicat des âmes hésitantes, arraché à son XVIIIe siècle galant pour comparaître devant la froideur clinique de notre époque désabusée. Quel anachronisme savoureux ! Quel choc des esthétiques ! D’un côté, la préciosité du langage, l’art de la confidence à demi-mot, la danse des intentions dissimulées derrière la politesse. De l’autre, la brutalité des sentiments exprimés en quelques caractères numériques, la hantise de l’engagement, la désillusion face à la promesse romantique.
Cette « AFFAIRE MARIVAUX » n’est point une simple farce. Il se veut une interrogation douce-amère sur l’héritage que nous ont légué les maîtres du sentiment, sur la manière dont leurs visions de l’amour ont façonné nos attentes, souvent pour les conduire à la frustration. Les plaintes qui résonnent dans cette salle d’audience d’un nouveau genre sont les échos de nos propres déceptions, nos propres difficultés à naviguer dans les méandres complexes des relations humaines.
Alors, entrez, spectateur d’un genre nouveau. Écoutez les doléances de ces cœurs meurtris par un idéal peut-être illusoire. Observez le trouble de cet homme venu d’un autre temps, confronté aux conséquences inattendues de son art. Peut-être, au détour d’une réplique, d’un aveu, d’un rire, reconnaîtrez-vous un fragment de votre propre histoire sentimentale. Et qui sait, peut-être qu’à l’issue de ce procès singulier, une lumière nouvelle éclairera les complexités éternelles du cœur humain.
L’intrigue
Imaginez la scène : un tribunal moderne, banal, où s’enchaînent les divorces pour « incompatibilité d’humeur ». Jusqu’au jour où une citation à comparaître d’un genre inédit arrive : Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux, en personne, est accusé par une association contemporaine de « perversion des mœurs amoureuses » pour avoir instillé des idéaux romantiques toxiques à travers ses pièces.
Arraché à son XVIIIe siècle galant, Marivaux débarque, perplexe, dans notre époque désabusée. S’ensuit un procès surréaliste où des témoins d’aujourd’hui viennent raconter comment Le Jeu de l’amour et du hasard ou Les Fausses Confidences ont ruiné leurs vies sentimentales, les rendant incapables de se contenter de SMS et de rencards Tinder.
Entre l’avocate surmenée, l’huissier excentrique fasciné par le dramaturge, et le jeune avocat commis d’office dépassé, le procès devient une hilarante et touchante confrontation entre deux époques. Marivaux, avec son esprit vif et son langage précieux, doit défendre son œuvre face à une société qui a oublié la beauté des mots et la complexité des sentiments.
« L’AFFAIRE MARIVAUX » est une comédie étincelante qui pose une question intemporelle : l’idéal romantique est-il une chimère dangereuse ou une aspiration essentielle à la beauté de l’amour ? Préparez-vous à rire, à réfléchir, et peut-être, à redécouvrir le charme d’une déclaration en alexandrins… même si ce n’est que pour le plaisir du jeu.