Tragi-comédie en 3 actes
Pour 2 personnes
Préface
Ce « Banc » est né d’une image simple, presque banale : deux figures solitaires partageant, sans le vouloir initialement, un espace public. Un banc au bord d’un lac, lieu de passage, de contemplation, mais aussi, potentiellement, de rencontre.
Au départ, je voulais explorer la rugosité des premiers contacts entre deux êtres que la vie a malmenés, deux naufragés émotionnels s’accrochant à leurs propres débris. Claire et Gaspard n’ont rien en commun, si ce n’est la cicatrice invisible d’une perte profonde. Leur occupation du banc est d’abord une forme d’empiètement, une résistance à l’autre qui vient perturber leur solitude chèrement acquise.
Pourtant, la proximité forcée, les silences partagés malgré eux, les bribes de mots échangés comme des cailloux lancés dans l’eau trouble de leur chagrin, vont lentement créer des ponts fragiles. Ce banc devient alors un lieu de confession involontaire, un espace où les masques craquèlent et où la vulnérabilité se dévoile, pas par une effusion sentimentale, mais par petites touches, par des gestes anodins, par une ironie mordante qui masque mal une blessure à vif.
Dans cette version enrichie, j’ai souhaité donner plus d’épaisseur à leurs silences, explorer davantage les méandres de leur mémoire et les mécanismes de survie qu’ils ont mis en place. J’ai tenté de rendre plus palpable la lente érosion de leur méfiance mutuelle et la naissance d’une forme de complicité inattendue, une solidarité de ceux qui savent ce que signifie porter le poids de l’absence.
« Le Banc » n’est pas une histoire de guérison miraculeuse. Le deuil ne s’efface pas, il se transforme, il apprend à cohabiter avec le vivant. La fin ouverte de la pièce n’offre pas de résolution facile, mais plutôt une fragile lueur d’espoir, la possibilité d’un nouveau chemin, pas forcément ensemble, mais avec la conscience que la solitude peut parfois se fissurer pour laisser passer une autre forme de présence.
J’espère que cette immersion dans l’intimité de Claire et Gaspard vous touchera et vous rappellera que même dans les lieux les plus ordinaires, des rencontres extraordinaires peuvent avoir lieu, des rencontres qui, sans effacer la douleur, peuvent peut-être l’adoucir un peu.
Eric Fernandez Léger
L’intrigue
Au bord d’un lac mélancolique, un banc usé devient le théâtre d’une rencontre improbable. Claire, hantée par le souvenir de son époux disparu, y cherche un écho du passé. Gaspard, marginal et cynique, y a élu domicile pour fuir un deuil plus récent et plus brutal. Leur cohabitation forcée, d’abord abrasive et silencieuse, se transforme peu à peu en une fragile complicité. À travers des échanges mordants, des confessions nocturnes et des silences éloquents, ces deux âmes blessées apprennent à partager le poids de leur absence. « Le Banc » explore avec une humanité poignante la difficulté de l’après, la résilience face à la perte et la possibilité inattendue de trouver une lueur d’espoir dans le regard d’un autre. Une histoire de deuil, de solitude, mais aussi de la fragile beauté des rencontres au bord du vide.