Comédie en 5 actes
pour 12 personnes
De Eric Fernandez Léger
Préface
Si cette comédie daigne effleurer vos esprits, ne vous hâtez point de la juger avec la sévérité des doctes ni la morgue des esprits forts. Elle n’ambitionne point de révolutionner le théâtre ni d’édifier les mœurs avec une pesanteur ennuyeuse. Son unique dessein est de vous offrir quelques instants de divertissement honnête, une bouffée d’air frais dans le tumulte de nos existences souvent trop sérieuses.
Vous ferez ici la connaissance d’un homme, Pamphile, dont l’esprit, fertile en chimères et avide de se distinguer par quelque extravagance, se laisseConsumer par les billevesées d’une femme habile à masquer son intérêt sous le voile de la spiritualité. Figure, hélas ! trop commune en notre siècle où les charlatans de toute espèce prospèrent sur la crédulité et la vanité humaines.
Madame Éphémère, sous ses airs mystérieux et son jargonNew Age, n’est point une invention de mon esprit ; elle est le reflet, grossi peut-être, mais reconnaissable, de ces âmes errantes qui exploitent la soif de merveilleux et le besoin de croire qui sommeillent en chacun de nous. Elle manie l’art de la flatterie avec une dextérité diabolique et sait transformer les faiblesses de ses proies en sources de revenus fort confortables.
Quant aux autres personnages, qu’ils soient les victimes lucides ou les témoins amusés de cette mascarade, je les ai voulu proches de vous, avec leurs faiblesses et leurs qualités, leurs emportements et leur bon sens. Ils sont le sel de cette intrigue, les instruments par lesquels la raison finit, je l’espère, par triompher de l’illusion.
Si vous reconnaissez, au détour d’une scène ou d’un dialogue, quelque trait de votre voisin, voire un écho de vos propres égarements passagers, n’en soyez point trop chagrin. Le rire, après tout, est souvent la première étape vers la sagesse. Et si cette pièce parvient à vous arracher quelques sourires et à vous inspirer une saine méfiance envers les prophètes de pacotille, j’aurai atteint mon modeste but.
Eric Fernandez Léger
L’intrigue
Bienvenue dans le tourbillonnant foyer de Monsieur Pamphile, un bourgeois aisé de Clamart dont l’ennui confortable et une soudaine soif de distinction l’entraînent sur le chemin glissant de la « Nouvelle Ère ». Ébloui par le verbe suave et les manières affectées de Madame Éphémère, une prétendue sibylle aux « vibrations » envoûtantes, Pamphile se métamorphose en un disciple zélé, prêt à sacrifier sa fortune sur l’autel d’une spiritualité aussi fumeuse que coûteuse.
Pendant que Monsieur se pare d’amulettes ridicules et s’adonne à des exercices de « connexion cosmique » plus proches de la pantomime que de la méditation, Madame Octavie, son épouse au bon sens terrien, observe le désastre financier et le ridicule croissant de son mari avec une indignation grandissante. Aidée de ses enfants, Florimond à l’esprit vif et Isabelle à la malice pétillante, elle décide de mener sa propre enquête sur cette « âme illuminée » dont les préceptes semblent étrangement coïncider avec l’état de son compte en banque.
Entre les séances spirituelles grotesques, les conseils intéressés et les silences lourds de sous-entendus, la famille Pamphile va devoir déployer des trésors de ruse et d’ironie pour démasquer cette « vestale de la sagesse » avant qu’elle ne les ait ruinés et que Monsieur Pamphile ne se soit définitivement couvert de ridicule aux yeux de tout Clamart. Une comédie où la crédulité bourgeoise rencontre la fourberie spirituelle, pour le plus grand plaisir (et l’édification) du spectateur.