Comédie contemporaine en 4 actes
De Eric Fernandez Léger
Préface
Lorsqu’un texte dramatique parvient à conjuguer les vertiges du souvenir avec la mécanique millimétrée de la comédie contemporaine, c’est qu’il a su se placer à l’intersection instable, mais féconde, entre la mémoire collective et les failles intimes. La Liste, pièce chorale à quatre voix, relève ce défi avec une justesse rare : en travaillant le retour des prénoms oubliés, des silences inachevés et des absents omniprésents, elle bâtit un théâtre de l’entre-deux — entre rire et mélancolie, aveu et esquive, inventaire et rituel.
Nul besoin ici de grands effets dramaturgiques. Tout se joue dans l’espace fragile d’une salle commune, d’une table dressée, d’une attente qui se transforme en miroir. Les quatre protagonistes — Camille, Julien, Sophie et Ludo — ne sont ni des héros ni des victimes : ils sont des survivants doux, hantés de leurs propres ébauches, porteurs d’une lucidité bancale qui les rend profondément humains. Chaque scène ouvre un tiroir de mémoire, parfois grotesque, souvent bouleversant, jamais résolu. Et c’est justement dans cette incapacité assumée à “conclure” que réside la grande force du texte.
La Liste explore l’idée précieuse que la comédie peut être un véhicule de profondeur. Que les éclats de rire peuvent précéder les éblouissements de vérité. Que les chaises vides parlent plus fort que certaines confessions. Il y a là une économie de moyens et une richesse d’effets qui rappellent les grandes œuvres du théâtre post-intime, dans la lignée d’un Vinaver ou d’une Annie Zadek, où chaque réplique ressemble à une hésitation formulée trop tard.
Enfin, cette pièce pose une question que tout spectateur gardera longtemps avec lui : et si l’on s’était donné rendez-vous — non pas pour se retrouver, mais pour enfin se regarder ? Une tentative douce et lucide de rendre au théâtre contemporain sa capacité à dire l’essentiel, sans éclat inutile. Juste avec les bons silences, les bons prénoms, les bonnes absences.
Eric Fernandez Léger
L’intrigue
Quatre anciens camarades de lycée se retrouvent pour organiser une improbable réunion d’anciens. Autour d’une table bancale, d’un flan fatigué et d’une boîte à souvenirs mal refermée, ils vont peu à peu fouiller la mémoire collective, les silences polis, les regrets élégants et les rires trop longs.
Ce qu’ils attendaient des autres… c’était peut-être eux-mêmes. Et si finalement, le vrai événement, c’était d’être restés jusqu’au bout — à quatre.
Entre comédie acide, tendresse impromptue et souvenirs rayés au feutre, La Liste interroge ce qu’on devient… quand personne ne vient.