Comédie contemporaine en 3 actes
De Eric Fernandez Léger
Préface
Située à la croisée des trajectoires intimes et de la mémoire collective, cette comédie contemporaine s’inscrit dans un théâtre de la lucidité — un théâtre qui choisit l’émotion sans sentimentalité, le rire sans légèreté, le désenchantement sans nihilisme.
La pièce qui suit n’est pas le récit linéaire d’une nostalgie partagée, mais l’exploration chorale des fractures qui nous relient. Ce que l’on croyait une colocation devient un palimpseste humain : un espace commun où les affects ont circulé à ciel ouvert, puis se sont figés sous la poussière du réel.
Ce théâtre ne vise pas la grandiloquence. Il tisse, à rebours des éclats attendus, une dramaturgie de l’imperceptible : le pli d’un silence, l’aveu sous forme de vanne, la tendresse dans une fourchette de pâtes réchauffée. L’appartement, personnage central et muet, devient l’écho matériel d’un passé qui s’incruste et d’un présent qui n’a pas encore les mots.
L’écriture dialogue ici avec les codes de la comédie de mœurs (mise en scène des fragilités, du collectif, des joutes verbales), tout en les doublant d’une exigence poétique et d’un soin singulier porté aux micro-récits de chacun. Les répliques — souvent ciselées, parfois volontairement dissonantes — aspirent à devenir autant de fragments de mémoire vive pour le spectateur.
Par ce huis clos vibrant, c’est une génération tout entière que l’auteur convoque : celle qui, ayant appris à rire de ses échecs avant d’avoir le droit de réussir, revient sur les lieux de son brouillon commun — non pour s’y retrouver, mais pour s’y reconnaître.
On ne sort pas de cette pièce avec des réponses, mais avec des résonances. Et c’est précisément là que le théâtre retrouve, pleinement, sa nécessité.
Eric Fernande Léger
L’intrigue
“Et s’il suffisait de revenir là où tout a commencé… pour savoir qui on est devenu ?”
Ils étaient sept. Ils ont partagé un appartement, des galères, des idéaux, des pâtes tièdes, des projets d’adultes trop précoces. Dix ans plus tard, ils reviennent — pour trier, vider, vendre. Mais aucun carton ne peut contenir ce qui reste : les rancunes élégantes, les amours ratés, les silences qui collent au parquet.
Entre répliques cinglantes et tendresses maladroites, cette comédie chorale explore ce qu’il reste de nos utopies quand les murs se fissurent — et ce qu’on peut encore réparer quand on n’a plus rien à prouver.