Tragi-comédie (Théâtre de l’absurde) pour 5 personnes
De Eric Fernandez Léger
Préface
Dans un monde où la quête de sens est souvent circonscrite par les impératifs de la rationalité et les cadres rigides de l’existence contemporaine, l’œuvre que vous vous apprêtez à découvrir se singularise par une audace singulière : celle de questionner les frontières de la vie et de la mort non pas à travers le prisme de la tragédie, mais par l’entremise d’une absurdité jubilatoire et d’une poésie déroutante. J’ai cherché à vous plonger au cœur d’une odyssée, celle de Gustave, un septuagénaire dont la singularité réside dans une aspiration radicale : orchestrer son propre départ du monde avec une fantaisie et une irrévérence délibérées. Loin des sentiers balisés par la médecine palliative ou les protocoles administratifs, Gustave aspire à une « sortie à la Sarah Bernhardt », un ultime acte de création personnelle où sa mort serait une œuvre d’art éphémère, sans titre ni critique, juste pure. Cette volonté, à première vue excentrique, se révèle être le ferment d’une exploration satirique des rouages de notre société.
À travers une série de scènes où le burlesque se mêle à l’onirisme, j’ai tenté de dépeindre la confrontation de Gustave avec les piliers de notre organisation sociale : le café philosophique, le cabinet médical, le bureau administratif et même le comité ministériel. Chacune de ces interactions met en lumière la rigidité des systèmes face à l’impermanence de l’âme humaine et à la créativité de l’esprit. Le langage y est ciselé, jonglant avec les calembours, les métaphores filées et les dialogues surréalistes, conférant à la narration une dimension carnavalesque qui masque à peine une critique sous-jacente de la normalisation et de la standardisation de l’existence.
La figure de Gustave devient alors celle d’un Don Quichotte des temps modernes, luttant non pas contre des moulins à vent, mais contre la bureaucratie du sens commun et l’attente d’une fin prévisible. Ses amis, figures archétypales du soutien et de l’incompréhension, ainsi que les représentants des institutions, incarnent les diverses facettes d’une humanité prise entre le désir d’ordre et l’aspiration à la liberté. La « Gustave-mania » qui s’ensuit est une manifestation de l’écho que cette quête de sens (ou de non-sens) trouve dans la conscience collective, transformant un acte intime en un phénomène médiatique et culturel.
Cette œuvre, en dépit de son apparente légèreté, vous confrontera, je l’espère, à des questions fondamentales : quelle est la place de l’individu dans un monde hyper-réglementé ? Comment concilier la dignité de la fin de vie avec le désir d’une autonomie radicale ? Et, plus largement, comment l’absurdité peut-elle devenir un vecteur de liberté et de réinvention de soi ? Le voyage intérieur de Gustave, dans la « bibliothèque des souvenirs évaporés » et le « labyrinthe des rires perdus », suggère que la véritable émancipation réside peut-être non pas dans la conformité, mais dans l’acceptation de sa propre déraison et la capacité à rire des certitudes.
En définitive, j’ai voulu que ce texte soit une ode à la fantaisie, à l’irrévérence et à la souveraineté de l’esprit. Je vous invite à repenser votre rapport à la vie, à la mort et à l’administration de l’existence, en vous rappelant que le plus grand des héritages n’est pas toujours celui qui se mesure en biens matériels ou en succès reconnus, mais celui qui sème le doute, la joie et une irrépressible envie de danser sur les tables de la logique. J’espère que cette lecture, au-delà du rire, vous laissera une empreinte durable de légèreté et de profonde humanité.
Eric Fernandez Léger
L’intrigue
Dans un monde obsédé par le contrôle et la normalisation, Gustave, un septuagénaire à l’esprit vif, refuse d’être une simple statistique. Loin de toute mélancolie, il a une idée folle : orchestrer sa propre fin de vie comme une véritable œuvre d’art, un « départ avec panache » qui marquera les esprits.
Sa quête jubilatoire le confronte aux piliers de notre société. Du médecin perplexe au bureau administratif kafkaïen, en passant par des ministres dépassés et une audience publique houleuse, Gustave bouscule les codes et défie la rigidité des systèmes. Chaque rencontre est une scène burlesque où l’absurde révèle l’humanité derrière les conventions.
La « Gustave-mania » s’empare bientôt des médias, transformant son désir intime en phénomène culturel et politique. Mais au-delà du rire, cette pièce est une profonde réflexion sur la liberté individuelle, l’autonomie et le droit de chacun à choisir son chemin, même le dernier.